Repenser le renouvellement Urbain en centres anciens

Colloque ACAD du 5 décembre 2024
Repenser le renouvellement Urbain en centres anciens
Vingt ans après la création des OPAH-RU, l’ACAD s’est interrogé sur les freins et les conditions de réussite d’une opération de renouvellement urbain en centre ancien :
- Outils, Méthodes, Gouvernance, Acteurs impliqués
A l’invitation de l’ACAD, les agglomérations de Saint Brieuc (22) et de la Porte du Hainaut (59) ont présenté à Paris le 5 décembre dernier leur projet urbain associant la mise en œuvre d’une OPAH-RU à des actions d’aménagement au service de la revitalisation de leurs centres anciens. Elles ont dialogué avec des représentants de l’Anah, de l’ANRU et de l’ANCT. Pascale Rieu, grand témoin de la journée, et Nicolas Binet, expert, ont éclairé les participants sur l’histoire et les enjeux de cette problématique. Les participants ont pu enrichir la réflexion par des contributions écrites. Cette journée, conclue par Emmanuelle Pernes, présidente d’Urbanis, vice-présidente de l’ACAD, a connu un bon succès avec 200 participants dont 90 présents à la Cité universitaire internationale de Paris.
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Lieu du Colloque
Cité Universitaire Internationale de Paris
Fondation Birmans-Lapôtre
Programme
Le détails du programme est téléchargeable
En partie réservée aux adhérents : Documents et enregistrements du colloque
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Le point de vue de l’ACAD
Le renouvellement urbain des centres anciens est un sujet central qui répond à des enjeux multiples : la gestion économe et optimale du foncier, la préservation des fonctions de polarité et de dynamisme urbain à travers une offre de commerces, d’équipements, de services, et la réponse aux attentes et désirs des habitants en termes de cadre de vie et d’offre de logement.
Mais au-delà, ce sujet s’inscrit aussi dans une nécessité d’action, imposée par une urgence multifactorielle : celle de lutter contre l’obsolescence du bâti qui devient visible après être restée longtemps sous les radars, comme en témoigne l’effondrement d’immeubles à Marseille, Lille, Bordeaux, Toulouse … , de lutter contre la vacance, de dépasser le constat de la déprise commerciale et de la fuite des activités productives en périphérie urbaine, de contrecarrer une spécialisation sociale.
Au-delà d’une grande diversité de morphologies urbaines et de situations de marché différenciées, qui imposent des manières d’agir adaptées au cas par cas, on observe des points communs aux centres anciens :
- Ils présentent une structure de la propriété morcelée, avec des situations immobilières complexes couplant des monopropriétés et des copropriétés,
- Ils occupent une fonction particulière sur le marché local du logement, avec une majorité de petits logements locatifs privés peu adaptés au logement des familles, et des propriétaires qui peuvent trouver avantage à exploiter des logements dégradés et établissent des rapports de force parfois violents,
- Ils possèdent une dimension patrimoniale plus ou moins forte, liée à l’histoire et aux bâtiments ou monuments emblématiques des villes.
In fine, pour réussir une opération de renouvellement urbain en centre ancien, l’ACAD réaffirme la nécessité :
- De définir un projet global ambitieux, structurant une intervention sur toutes les thématiques, car c’est l’ambition et l’innovation qui permettent de mobiliser parties prenantes et moyens à la bonne échelle
- De jalonner ce projet qui s’inscrit dans le temps long de la ville par des actions concrètes de court et moyen terme pour un effet levier et démonstrateur
- D’affirmer un portage politique fort
- De mettre en place une organisation du pilotage en mode projet, décloisonné
- De mobiliser une ingénierie qualifiée à la hauteur des enjeux, qu’elle soit juridique, immobilière, humaine, alors même qu’elle n’est pas toujours disponible parmi les moyens humains des petites collectivités
- De s’appuyer sur des acteurs capables d’investir sur le long terme, tels que les bailleurs sociaux
A ces conditions, l’adhésion de toutes les parties prenantes pourra s’envisager, et permettre ainsi la mobilisation des fonds nécessaires. Pour autant, il faut constater qu’un modèle économique équilibré pour de telles opérations n’existe pas : l’apport en fonds publics reste nécessaire. Il apparaît plus que jamais difficile de se projeter avec des budgets fiables pour des interventions sur du bâti ancien avec la visée d’adapter celui-ci aux exigences contemporaines (qualité intrinsèque du logement, confort thermique et climatique, stationnement des véhicules,…), et le temps semble venu de savoir réinterroger la notion de patrimoine au cas par cas, en situation, de manière collégiale, afin de pouvoir se poser la question de la réhabilitation ou du recyclage de façon éclairée.
Les défis posés par la mise en œuvre de ces projets de renouvellement urbain restent passionnants à relever pour des élus et des professionnels déterminés, motivés et formés. Ils disposent pour ce faire d’une boîte à outils riche et complexe qu’il convient de mobiliser pour répondre aux besoins spécifiques des territoires.
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